de Charles Duhigg

Il est impossible de résumer « le pouvoir des habitudes » de Charles Duhigg. Ce livre est extrêmement dense. Il fourmille d’exemples et d’anecdotes, que vous pourrez découvrir vous-même, si vous décidez de le lire. Cela étant dit, je voudrais tout de même partager avec vous quelques éléments que j’ai trouvé particulièrement intéressants. Certes, l’auteur s’intéresse majoritairement au rôle des routines et habitudes dans le milieu professionnel et en matière commerciale. Mais les principes qu’il met en lumière sont applicables à toute situation. Voici donc les quelques idées maîtresses qu’il m’a semblé utile de retenir.
Les habitudes suivent un processus neurologique bien précis
Des expériences scientifiques ont analysé l’activité cérébrale d’individus placés dans différentes situations. Voici ce qu’ils ont constaté. Lorsqu’on soumet un sujet à une certaine activité, son activité cérébrale et mnésique est très élevée en début d’expérience. Puis, elle diminue au fil des répétitions. En fait, les actions répétitives sont converties en automatisme et le cerveau peut se mettre en veille. Il va suivre, de façon plutôt automatique, un schéma précis, bien établi, celui de la boucle de l’habitude. Cette boucle démarre par un signal, de préférence capable de provoquer un désir. Cela va enclencher une routine, et la routine conduira à une récompense.

Lorsqu’on a conscience de ce phénomène, il devient plus facile de créer de nouvelles habitudes. En fait, il faut mettre en place une boucle. Autrement dit, trouver un déclencheur, une récompense motivante, et bien sûr définir la routine qui conduira de l’un à l’autre. Et si le déclencheur provoque un désir, c’est encore mieux.
C’est ainsi que Pepsodent, comme nous le raconte Charles Duhigg, a intoduit l’habitude de se brosser les dents dans la société américaine. Pour vendre la célèbre pâte dentifrice mentholée, il imagine un cycle de l’habitude. Avoir un « film » opaque sur les dents constitue le signal déclencheur. Le désir, c’est vouloir un beau sourire. Se laver les dents est la routine et un beau sourire, la récompense. Toute la publicité de Pepsodent va se baser sur ces éléments ! Des mannequins radieux, brosse à dent et Pepsodent à la main, se passent la langue sur les dents. Puis ils vous décrochent un sourire étincelant ! Je suis sûre que cela vous rappelle quelque chose ! Eh bien, ça marche ! Avec sa petite touche mentholée plutôt agréable, la routine s’est rapidement ancrée dans la vie quotidienne des gens.
Mais attention, bonnes ou mauvaises, les habitudes ne peuvent pas être supprimées
Elles sont profondément enracinées en nous. Voici les explications scientifiques données par Charles Duhigg à ce sujet.
Le cerveau ressemble à un oignon composé de couches. Les couches extérieures correspondent aux zones cérébrales attribuées aux réflexions complexes. Ensuite, plus on s’enfonce dans le cerveau, plus les structures s’avèrent primaires. Vers le centre du crâne, on trouve les ganglions de la base ou noyaux gris centraux. Et c’est là que sont stockées les habitudes, nichées dans notre cerveau reptilien. Leurs boucles peuvent y fonctionner sans intervention de la pensée consciente. Et cela permet au cerveau de se mettre en veille lors des mouvements de routine.
Si elles ne peuvent être supprimées, les habitudes peuvent être modifiées
Pour amorcer un tel changement (1), il faut d’abord bien comprendre la boucle d’habitude à laquelle on s’attaque. Il est nécessaire d’identifier ce qui déclenche la routine et ce qu’on y gagne (la récompense). En conservant le même signal et la même récompense (ou une récompense équivalente), changer un comportement devient possible. Il s’agira d’ancrer une nouvelle routine à la place de celle qui ne convient pas ou plus.
Pour allez plus loin
Vous trouverez dans ce livre encore beaucoup d’autres choses concernant les habitudes :
- pourquoi les routines sont indispensables en entreprise,
- comment des routines mal menées peuvent conduire à la catastrophe,
- comment les statistiques peuvent déchiffrer nos habitudes,
- etc.
Les anecdotes sont parfois un peu longues, c’est vrai. Mais au final, elles sont plutôt parlantes. Elles mettent en évidence l’importance fondamentale, pour chacun de nous, d’être conscient de nos habitudes et automatismes.
Certes, ils sont indispensables à notre équilibre et toutes nos habitudes ne sont pas mauvaises, bien sûr. Mais 80 % de nos comportements sont des habitudes ! Alors, c’est un peu comme confier sa vie à un pilote automatique. C’est bien pratique de pouvoir lâcher le volant. Mais avant de le faire, personnellement, je préfère m’assurer que la destination et la route empruntée me conviennent ! En analysant nos habitudes, nous gardons le pouvoir de valider si leurs déclencheurs, routines et récompenses nous conviennent vraiment. Et si ce n’est pas le cas, nous avons la possibilité de changer la donne.
Du coup, ça vaut le coup de s’en préoccuper, vous ne pensez pas ? Alors bonne lecture !
(1) voir aussi mon article « Comment changer ses habitudes, en 3 étapes clés«